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CFP: “Logiques du discours philosophique en Allemagne de Kant a Nietzsche” (Université de Reims Champagne-Ardenne 17-18 novembre 2017)

We are pleased to announce a new call for paper for a conference entitled “Logiques du discours philosophique en Allemagne de Kant a Nietzsche“, which will be held on 17th and 18th of November 2017 at the Université de Reims Champagne-Ardenne, in collaboration with the Université de Lorraine (Nancy/Metz) and the Université de Strasbourg. The event is organized by the CIRLEP (EA 4299).

Deadline for submission: July 25th, 2017.

You can find the conference announcement here.

You can read the complete call for papers below, or download it at this link.

 

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 Appel à communication 

« Logiques du discours philosophique en Allemagne, 

de Kant à Nietzsche » 

Colloque international de philosophie, Université de Reims Champagne-Ardenne 

17-18 novembre 2017 

Ce colloque a pour objectif de rassembler des spécialistes de la philosophie allemande, en France et à l’étranger, autour d’un problème peu abordé dans sa spécificité, pour ne pas dire inédit: celui du statut du discours philosophique dans une période de réformes constantes de la philosophie qui influencera durablement les courants de la pensée contemporaine. Organisé par le CIRLEP (EA 4299), il aura lieu les 17 et 18 novembre 2017 à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, en coopération étroite avec l’Université de Lorraine (Nancy/Metz) et l’Université de Strasbourg. Les propositions de communication sont à envoyer avant le 25 juillet 2017.

Argumentaire

Ce colloque de philosophie allemande se propose de prendre pour objet d’étude le statut du discours philosophique au XIXe siècle, à partir de la révolution introduite par le criticisme kantien. Tracer les linéaments d’une telle histoire ne peut manquer de susciter un certain embarras, tant la période est riche en innovations philosophiques et en renversements. La diversité exceptionnelle de cette période ne doit néanmoins nullement être un obstacle à une compréhension historique qui s’efforce d’en dégager les tendances et les ruptures profondes, bien au contraire. Chaque philosophe «resémantise» à sa façon les mots et les concepts dont il hérite ; il crée de nouvelles expressions et finalement un nouveau discours dont les conditions de possibilité et de compréhension lui sont propres. Mais l’interprétation de ces langues si singulières et des refontes qu’elles engagent implique de les rapporter à leurs héritages respectifs et de les confronter les unes aux autres, pour saisir à la fois leur originalité et leur cohérence.

Ce projet souhaiterait ainsi inspirer la plus grande liberté dans le choix des études et des méthodes autour du problème central, et pourtant peu étudié pour lui-même, du discours philosophique. Faire l’histoire de ce problème n’est pas simplement faire une histoire des doctrines ou des systèmes philosophiques, quoique la compréhension des arguments et des questionnements majeurs demeure inextricablement liée à celle de leur fondation et de leur transmission. Une telle histoire interroge la cohérence du corpus textuel qui institue la tradition philosophique, ses évolutions, ses bouleversements et les singularités qui le tissent. Cela implique de considérer que la question du «style» des philosophes, et plus généralement le problème de l’expression du philosopher, n’est en rien adventice, comme s’il s’agissait d’un point de vue «extérieur» et réductionniste, ou même comme si ce que l’on interrogeait n’était que l’effet contingent de l’activité théorique. Cela implique aussi des décisions sur les rapports entre philosophie et langage qui sont fondatrices, non seulement pour la compréhension du langage, mais également pour la compréhension de la philosophie elle-même, puisqu’elle en-gage une nécessaire réflexion sur ce que c’est que philosopher. Prendre conscience de la discursivité de la philosophie et de ses conditions d’énonciation, n’est-ce pas un geste théorique nécessaire pour «fonder» celle-ci, en tout cas pour l’interroger dans son exercice ?

Or, il semble bien que cette réflexion ait justement été un fil conducteur de la philosophie allemande au XIXe siècle, de Kant à Nietzsche. La prise de conscience de la discursivité de l’activité philosophique, rompant avec un certain rapport idéalisant au langage propre à la tradition métaphysique, et l’interrogation sur les conditions de possibilité de son discours apparaissent même comme les indices d’une rupture décisive, dont il nous faut encore mesurer les conséquences. Depuis l’étude, devenue un classique, de Gérard Lebrun sur la logique du discours hégélien[1], un certain nombre d’importants travaux ont remarquablement mis en évidence cet enjeu, notamment chez Kant[2] et dans sa réception immédiate, de sorte que le problème commun à cette période pourrait bien être juste-ment celui du discours philosophique formulé dans les termes de celui de la fondation de la philosophie. Néanmoins cet enjeu n’est pas propre au post-kantisme; il concerne au premier plan l’idéalisme allemand, et, quoiqu’à chaque fois en des termes et avec des enjeux spécifiques, les grands mouvements philosophiques du XIXe siècle. Il irrigue également le questionnement nietzschéen, quoiqu’en un sens entièrement renouvelé: quel langage pour la philosophie, une fois compris que celle-ci ne s’oriente plus vers la recherche du vrai et la connaissance, mais se comprend plus généralement comme un questionnement sur les valeurs qui forment les conditions de vie de l’humain, dont la finalité est résolument pratique ?

Un tel accent sur les langues des philosophes ouvre à diverses perspectives qui enrichiraient la représentation de la philosophie allemande. Il permettrait ainsi d’étudier, en les rapprochant des grands noms sacralisés, le développement du romantisme, de l’herméneutique et de la philologie sur la question des rapports entre philosophie, langues et langage, et d’évaluer l’influence considérable de ces mouvements culturels sur la philosophie allemande ; de mieux saisir l’élaboration d’une langue philosophique allemande à la fois commune par ses influences, certaines exigences et certaines normes (celle de systématicité, de construction, de certains philosophèmes et références) et néanmoins chaque fois refusée comme telle et singularisée ; d’interpréter les logiques de renversement à l’oeuvre si structurantes dans cette période (renversement du discours transcendantal par l’idéalisme allemand; renversement de la dialectique hégélienne par Marx ; «transfiguration» du discours kantien par Schopenhauer) et de mesurer en même temps un effort constant de création et de singularisation du style; de s’interroger également sur tous ceux qui, pour des motifs bien distincts et dans des directions différentes, se nourrissent du discours philosophique pour le réinventer hors de l’espace traditionnel de la philosophie, qu’il s’agisse du discours poétique du romantisme, du discours issu de Marx, des fondateurs des sciences humaines, ou même du questionnement nietzschéen.

Si vous souhaitez participer à ce colloque, nous vous prions de bien vouloir envoyer avant le 25 juillet 2017 un résumé de communication (30 minutes par intervention, 15 minutes de discussion) d’environ 3000 signes, en français ou en allemand, à l’adresse suivante : alexandre.fillon1@gmail.com. Les frais seront pris en charge par les institutions organisatrices dans la limite du budget disponible.

Comité scientifique 

Alix Bouffard, doctorante du CREPHAC, Université de Strasbourg; Christophe Bouriau, Professeur à l’Université de Lorraine; Alexandre Fillon, doctorant du CIRLEP, Université de Reims Champagne-Ardenne; Franck Fischbach, Professeur à l’Université de Strasbourg; Patrick Wotling, Professeur à l’Université de Reims Champagne-Ardenne.

[1]La Patience du concept, Paris, Gallimard, coll. «Bibliothèque de philosophie», 1972.

[2] Cf. notamment A. Grandjean, Critique et réflexion, essai sur le discours kantien, Paris, Vrin, coll. Bibliothèque d’histoire de la philosophie», 2009; plus récemment et dans une toute perspective, R. Ehrsam, Kant et le problème du langage, Paris, Vrin, coll. «Bibliothèque d’histoire de la philosophie», 2016.

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